Tocozote et Shadow gravissent côte à côte un côté d'Irdéun, le dragon flottant. Shadow, lui, marche depuis des heures en chantonnant.
Tous deux veulent changer la vie d'ici qui leur paraît terne et pitoyable. Aucun des deux ne manque de force ni d'idées.
Shadow porte dans sa besace, une masse de plantes qu'il affectionne ; dans celle de Tocozote, il y a un burin et un marteau.
Au début, chacun se côtoie mais quand la licorne s'aperçoit que Tocozote s'affaire à défaire de ses écailles rouges le dragon patapon, l'ombre de Shadow la licorne grandit ainsi qu'une litanie de mots colériques.
Alors, chacun s'invective tout en continuant l'action entreprise et en s'éloignant l'un de l'autre dans des mouvements hystériques dignes des habitants d'Asaïé. Shadow de son prénom, tout en maugréant, plante à tout va tout un plan de pousses sous les écailles de la bête-pays.
Tocozote : Écaillons les écailles du dragon pour faire matériau qui comblera l'espace des mers changeantes et fera ainsi une seule île d'Irdéun et d'Asaïé.
Shadow : T'es toqué Tocozote ! Cela risque de faire fuir le dragon. Glissons plutôt sous les écailles des pousses de fougère noire, celle qui donne magie à tous les esprits environnant et qui ne pousse bien qu'auprès des bêtes cracheuses de feu...
N'importe quoi, licorne mal cornée !
Si le dragon se couvre d'une forêt de fougère noire, nous aurons froid au cœur de cette forêt et nous aurons du mal à dormir, nous n'aurons ni refuge, ni châteaux en Espagne. Nous serons bétail malmené, plein de spasmes, nous n'aurons que des miettes de vies...
Avec la magie que nous donnera cette enchanteresse forêt, nous aurons des mille-feuilles à volonté et nous volerons comme des abeilles !
Tu ferais un piètre berger avec tes croyances de poésies.
Je préfère daller la mer avec les écailles du dragon. D'ailleurs dans son repos d'ici, il a autant besoin d'écailles que d'ourlets.
(et chacun sur un versant de la bête, plantait une pousse ou arrachait une écaille...)